Ludmila Constant peintre

Mes apprentissages

 

 

 

 

Musée d'Ermitage, St-Petersbourg

C'est ce que je voyais par mes fenêtres pendant 6 ans.

 

  Je suis née à Moscou, mais le beau-père militaire changeait de place souvent, et souvent c'étaient des endroits au bout du monde. Mon bac j'ai eu en Sibérie, mais  son excellence me donnait le droit de choisir ce que je voulais comme suite des études, sans le concours d'entrée, obligatoire partout, en Russie.

 J'ai choisi St-Petersbourg pour la beauté de la ville et son Université - la plus ancienne et prestigieuse école supérieure du pays.

 Jusqu'ici, tout va bien. Sauf qu'il fallait choisir aussi la fac.

J'ai été obligée de "choisir" la physique parce que la bourse y était la plus grande et le logement offert.

 Ensuite. Le bâtiment qui abritait les dortoirs universitaires (  lupanar avant 1917)  se trouvait sur le bord de Néva, juste vis-à vis du Palais d'Hiver, S.A.D. L'Ermitage. Un pont à traverser. Deux, en fait, parce qu'en cet endroit la Néva se dédouble.

 En semaine les salles de cet énorme palais étaient vides.

Ticket d'entrée presque gratuit pour les étudiants. Au sous-sol- une cafeteria, pas chère. Sous le toit-les petites salles ( autrefois, pour les domestiques), attribuées aux impressionnistes - une des  plus riches collections du monde de la peinture de ce genre.

Les salles bien chauffées, avec les banquettes en velours, les gardiennes distinguées, aimables.  Des  vieilles dames très cultivées, appartenant à des vieilles familles nobles de la Russie, les familles dont beaucoup des  hommes ont été exécutés par les bolchéviks, pendant les années de la Révolution.

 Etrangement,elles étaient là, avaient ce travail. Pouvaient parler de leur passée, de leur vie.

 C'est dans ces salles austères aux bas plafonds,"chez les impressionnistes",  que je préparais mes examens.. Ecoutais les récits des vies de ces femmes , l'histoire de mon pays ravagé par la folie des hommes. Me faisais inviter chez elles, regardais leurs  photos, les objets qui leur restaient d'ancienne vie de leurs familles dont les jeunes  dansaient dans ce même palais aux bals de la cour impériale.

 Et c'est là aussi que j'ai connu les étudiants de l'Académie de Beaux Arts, pour qui je suis allée poser, parfois. Ils me faisaient des cours sur la peinture (et un peu la cour, aussi) dans les salles de parade d'en bas, truffées des chefs- d'oeuvre.

 Ca a duré 6 ans. J'ai appris des choses.

 

  L.

 

  Du temps des apprentissages

 



07/04/2012
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